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Elo raconte
28 septembre 2008

Une vie

Une vie…

Une famille, un foyer tout juste fondé…un village, une vie de labeur, mais une maison, des terres, des enfants…une langue, des parents, des membres de la famille partis vers les grandes villes…des fêtes, des printemps à mariages, des danses, des musiques…

La guerre, le village brûlé…le refus de devenir gardien de village, de prendre les armes, de s’immiscer dans le conflit… les terres abandonnées, la fuite vers la ville, cette ville pourtant moyenne mais qui vous paraît si lointaine, immense, étrangère…la famille laissée au village, femme, parents, enfants…

L’adaptation, le chômage…les tentatives pour travailler à son compte…quelques années de stabilité…d’autres enfants, conçus lors de brefs passages dans la famille…

La crise économique…le départ pour la capitale, pour Istanbul, là où un oncle, un cousin pourra vous guider les premiers temps…

Une maison louée dans un quartier informel, trop petite…une chambre de quelques mètres carrés partagée avec une dizaine d’hommes, « célibataires » parfois mariés mais seuls, si seuls loin de leur famille…les petits boulots…certains s’usent la santé dans des ateliers textile, d’autres sont vendeurs ambulants, d’autres font des livraisons…mais la majorité, ceux de la tribu arrivés avant, l’oncle, le cousin, le petit neveu qui va sur ses 11 ans, gagnent leur vie en allant « au papier »…le travail dans la rue…de jour, de nuit…froid, chaleur, neige, pluie…réduire les dépenses quotidiennes au minimum, garder l’argent pour l’envoyer à la famille…se faire un devoir d’envoyer les enfants à l’école, les filles aussi…mais pour cela le plus grand doit travailler, il aimait bien l'école pourtant...vivre de la récupération des déchets des autres…la violence de la rue…le trafic, la pluie, la nuit, la neige…le mépris, la solidarité aussi…les riverains déposant discrètement à la rue des sacs poubelles de déchets secs, journaux, cartons…les bandes de faux policiers municipaux chargés de propager la violence…la saleté, les maladies…la honte, la dignité…la fatigue, les kilos de papier, le chariot à tirer, le sac à transporter…les dépenses, parfois sans compter…l’honneur…les fêtes qui continuent de rythmer les saisons, mariages prétexte à de folles dépenses…les rêves…plus pour soi, mais pour les enfants…les filles, qui grandissent si vite, sauront lire, elles, à l’inverse de leurs mères…

Point mis sur la probité…être invisible, s’en arranger…récupérer les ordures pour ne pas tomber plus bas…

Et un jour…

Traverser la rue pour aider un « collègue » avec son chariot…une voiture…la nuit, la pluie, un jour de travail comme tous les autres…

Une vie qui n’est plus…

Une vie de fuites, de droiture, d’humilité…

De grandeur…

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Commentaires
M
Bonjour Eloise,<br /> Je ne savais pas que nous avions tant de points communs : le dessin, la photo, les sujets que tu abordes, les angles que tu choisis. Je pense que tu sauras t'y retrouver dans notre voyage de l'été sur notre blog poset moset...<br /> A bientot j'espère,<br /> Laurence - Lo aussi :)
F
C'est beau, touchant, poignant et si vrai... je reviens te voir (pas assez souvent) mais toujours avec émotion et passion.
M
en peu de mots - mais si bien choisis - tu retraces une (des) vies dont tout le monde se fiche pas mal, mais on peut rêver... si tous ces indifférents (allez, même un seul) pouvaient lire un texte comme celui-ci, alors peut être, peut être ils seraient émus et changeraient de regard au moins pour un instant...on peut rêver...merci ma Lo.<br /> Mum
M
C'est très beau...et si vrai
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